Dans la majorité de nos esprits, la musique au format numérique représente une avancée sur le plan écologique. Pourtant en y regardant de plus près, on s’aperçoit que la dématérialisation du son ne rime pas automatiquement avec une technologie plus verte. Explications.
Il y a déjà un moment que la nouvelle génération d’auditeurs ne contribue plus à garnir les poubelles de déchets “plastico-métalliques” en jetant des CD rayés ou en se débarrassant des deux-titres de boys band passés de mode. Accrochés à leurs écouteurs et oscillant de la tête, ils ont tout à fait l’air de parfaits petits citoyens du monde, n’usant d’aucun support nocif prédestiné à la casse.
Les services numériques de musique Cloud permettent aujourd’hui de dématérialiser la totalité des titres en écoute, mais qu’en est-il de leur stockage, peut-on réellement considérer que le cloud computing soit aussi écologique qu’il est “invisible” ? La société Apple a toujours fait l’éloge de ses appareils en les présentant comme respectueux de l’environnement, moins gourmands en énergie...Quoi de plus simple en effet que de prôner les vertus écologiques de produits devenus immatériels, substituts d’un mode de grande consommation qui a généré des quantités faramineuses de déchets.
Mais qui dit immatériel ne veut pas dire inexistant, bien au contraire. Le cloud computing fait appel à des serveurs et des capacités de stockage de plus en plus conséquents et énergivores pour préserver toutes les données informatiques. Par exemple, le cloud computing center dont dispose Apple en Caroline du Nord est alimenté à plus de 50% par...du charbon ! Le data de Google, lui, requiert ⅓ d'électricité carbonée pour sa consommation totale. Dans un cadre plus global, on peut noter que l’ensemble des “data center” représentent à l’heure actuelle plus de 15% des émissions de gaz à effet de serre de la planète et que leur consommation électrique devrait encore augmenter de 7% d’ici à 2020. (pour plus d’informations sur l’impact énergétique des data center, vous pouvez consulter le rapport de Greenpeace “How dirty is your data”)
Alors certes le vinyle représente un support en PVC de 30cm de diamètre, certes il peut être amené à alimenter les déchets quotidiens des ménages, mais il existe de plus en plus de raisons de croire que le microsillon peut s’avérer plus écologique que l’immensité du cloud computing.
Dans un premier temps, sa capacité à se recycler est mise en avant par de nombreux fabricants. En effet, les invendus sont très souvent réutilisés par les sociétés de production pour éditer de nouveaux disques vinyles. D’autres s’en (re)servent pour des usages variés - notamment dans le monde de la décoration - où l’on voit fleurir des astuces spéciales vinyles pour décorer un sol, orner un toit, un mur, ou pour servir d’emballage de produit tendance. Dans ce cas, pas de déchets ni production nouvelle de matière première. En transposant au fonctionnement du cloud computing on s’aperçoit que les capacités de recyclage sont tout autre : un titre non écouté sera tout de même stocké et participera malgré lui et quoi qu’il advienne à la consommation énergétique globale du serveur sur lequel il est hébergé.
Secundo, le disque vinyle est apprécié pour la qualité de son qu’il diffuse, mais également pour la beauté du support lui-même (pochette illustrée, authenticité...). En ce sens, il est plus habituel pour un adepte de la galette de conserver ses disques au travers d’une collection, plutôt que de jeter les vinyles dans un moment de lassitude. On ne peut pas affirmer que les adeptes de microsillon soient, par conséquent, plus respectueux de la planète, mais on peut tout de même souligner ce trait comportemental pour en appuyer les bienfaits. Encore une fois, on peut faire la parallèle avec les data center des plus grands groupes informatiques : sur le cloud, la surconsommation est permise, voire de rigueur : il est facile de trouver un titre, de le télécharger (et souvent à moindre coût), de stocker en quantité puis d’envoyer tout ou partie à la corbeille quand bon vous semble. Rarement on a vu une personne entrer chez un disquaire, rafler tous les vinyles de Johnny Cash du magasin, puis jeter sa toute nouvelle collection directement dans le vide-ordures sous prétexte que June Carter n'apparaissait pas sur le titre voulu...
À l’heure où les services en ligne envahissent le globe et tendent à faire muer intégralement les habitudes des internautes, il est primordial de s’intéresser de près aux conséquences et à l’empreinte écologique dégagée par la multitude des centres de serveurs. Bien que les grands groupes informatiques semblent petit à petit se préoccuper de l’impact de leurs technologies respectives (à l’image de Yahoo qui a installé l’un de ses data à proximité des chutes du Niagara pour bénéficier de l’énergie renouvelable hydroélectrique, ou de Google qui a réalisé de gros investissements pour combiner l’énergie solaire et éolienne), il n’en demeure pas moins que la nécessité de stocker de plus en plus de données entraîne une consommation énergétique colossale et sans cesse croissante au niveau mondial.
Bien évidemment, la comparaison entre le marché du vinyle et celui du cloud computing étant totalement démesurée, on peut difficilement désigner un vainqueur dans le duel de l’empreinte écologique. Il est malgré tout intéressant de noter que la technologie du vinyle apparue au milieu du 20ème siècle soit potentiellement, et toute proportion gardée, plus propre sur le plan écologique que les technologies immatérielles développées à l’heure actuelle.
Pour trouver un disquaire près de chez vous, vous pouvez passer par le record store locator du site Vinylunity.com
1 commentaires:
bon à savoir ,ça.Un argument de plus à avancer pour le vinyl
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